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Solidarités Contre l'Université de la Défense (SCUD)
25 juin 2014

L’atome, illu­sion de la puissance

FRANCE-qui-se-cherche Aujourd'hui, quand on veut aller sur la lune, il ne suffit plus d'être poète, il faut être astronome.

Si François Hollande m'avait demandé ma vision de la défense de 2025, je me serais inspiré de ce que j'ai lu tout à l'heure dans les WC de l'autoroute : Accrochez-vous à la vie et pas au volant . Facile de transposer pour vous résumer un conseil du style :Accrochez-vous à la vie et pas à l'uranium enrichi !
Franche­ment, j’aurais préféré un titre du style faut-​il achever l’économie de guerre ?


Ou bien : La guerre comme régu­la­teur à la crise. Mais bon, comme je suis un bon élève, enfin, un élève appliqué, j’accepte ici de par­ler de l’intitulé, a pri­ori un peu trop a-​politique, a pri­ori peu mobil­isa­teur, a pri­ori peu con­sen­suel, en l’occurrence «Désar­mons les pre­miers». Et je dis : «chiche» ! Je dis «chiche» car je pense — ce sur quoi je voudrais inter­venir – que ce mot d’ordre pour­rait induire une révo­lu­tion dans la pen­sée. Or, ce qui m’importe et ce qui nous importe ici, c’est de savoir com­ment le désarme­ment peut s’inscrire dans une poli­tique pro­gres­siste.
Cette révo­lu­tion, je voudrais la décliner à 3 niveaux
1) Une autre vision de la poli­tique inter­na­tionale
2) Une autre vision de l’économie donc de la crois­sance
3) Une autre vision de la bombe …(des armes dénom­mées armes de destruc­tion de masse ) et de la puis­sance en général

Une autre vision de la poli­tique internationale

Pen­dant longtemps, on a dit et répété «ne désar­mons pas tant que l’impérialisme yan­kee ne désarme pas. «On veut bien désarmer mais les con­di­tions (objec­tives) ne sont pas réu­nies pour … «On voudrait bien mais…» Car il y a tou­jours un «mais» qui s’appelle rap­port de force(s), qui s’appelle opportunité.…Comme dirait JL Mélenchon …

«on ne va entrer dans un proces­sus de désarme­ment sauf à par­tir du moment où …» Je n’invente rien. Je cite une inter­view dans le mag­a­zine Planète Paix avant les prési­den­tielles. Je lis : Notre pro­gramme se prononce pour un désarme­ment nucléaire mul­ti­latéral. Au fur et à mesure de la réduc­tion des arse­naux, notam­ment des Etats-​Unis et de la Russie, la France réduira le nom­bre de têtes nucléaires, en con­for­mité avec leprincipe de la réciproc­ité (à souligner) qui guidera notre action. En l’état actuel, il ne serait pas raisonné d’entamer un désarme­ment uni­latéral, et la dis­sua­sion demeur­era donc un élé­ment essen­tiel de la stratégie de pro­tec­tion de la France(*).


Des ini­tia­tives unilatérales

Peut-​on changer de logi­ciel ? Les raisons exis­tent et j’en soulèverai deux :
a) La pre­mière rai­son, c’est que çà se pra­tique, dans beau­coup de cir­con­stances et quel que soit le régime, quelle que soit la couleur poli­tique de l’adepte momen­tané de l’unilatéralisme. L’histoire du désarme­ment, même de l’arms con­trol (maitrise de l’armement du temps de la Guerre Froide, diplo­matie atom­ique menée en tan­dem par les deux poids lourds du Con­seil de l’Insécurité) est séquencée par des ini­tia­tives uni­latérales. A tort ou à rai­son. Prenons Gor­batchev, le retrait d’armes nucléaires tac­tiques en Europe de l’Est, c’est lui et sans con­trepar­tie d’ailleurs. Prenons la France. Que je sache, c’est de façon uni­latérale que le prési­dent Chirac a décidé de met­tre la clef sous la porte du plateau d’Albion, de faire démon­ter les mis­siles SSBS qui avaient été enterrés…et sans atten­dre un geste réciproque de qui que ce soit. Pareil pour les mis­siles Hadès Sans con­tre par­tie. Si ce n’est celui de se faire remercier par les Alle­mands qui ne voulaient pas se les pren­dre sur la fig­ure. On peut déplorer qu’un stratège ne sache pas mon­nayer son désarme­ment, mais bon, tels sont les faits.
Con­cer­nant les essais nucléaires, Chirac a décidé un beau matin de fer­mer les sites, ce qu’il n’était pas obligé de faire puisque les autres puis­sances nucléaires ne l’ont pas fait. Aujourd’hui, ce geste u-​ni-​la-​té-​ral est cri­tiqué et cer­tains se plaig­nent ou se sont plaints que l’initiative ne soit pas réversible puisque les Chi­nois n’ont pas fermé Lop Nor, Wash­ing­ton n’a pas fermé son site du Nevada et les Russes dis­posent de Novaya Zemlya.

( Il serait d’ailleurs grand temps de faire la liste de ces ini­tia­tives, nous y revien­drons).
b)La deux­ième rai­son, en faveur de l’unilatéralisme, c’est que l’institution mil­i­taire est en crise, elle aussi. Grip­pée par le manque de sous et par la fin du ser­vice mil­i­taire et par l’intégration dans l’OTAN et la ten­ta­tion de la pri­vati­sa­tion. Je dis «aussi» car je pense à l’institution péni­ten­ci­aire dans la mesure où les pris­ons sont plutôt des uni­ver­sités du crime. Je pense à l’institution uni­ver­si­taire à une époque où ces cen­tres sont des boîtes à héberger des chômeurs et fab­ri­quer des illet­trés. Selon cette même logique, l’institution qu’est la défense (avant, nous avions un min­istère «de la guerre», c’était plus direct, plus cash), pro­duit de l’insécurité. A tel point que le citoyen lambda des Etats-​Unis peut légitime­ment con­sid­érer que le Pen­tagone est, de son point de vue, la pire des men­aces à sa sécurité !

2) Une autre vision de l’économie

- Pour un trans­fert des dépenses mil­i­taires vers les bud­gets à final­ité sociale , c’est pos­si­ble ! Ce serait une tran­si­tion, non pas une tran­si­tion énergé­tique (très à la mode), mais une tran­si­tion stratégique.
Certes, vous en con­vien­driez, passer d’une économie mil­i­tarisée à autre chose ne sera pas un long fleuve tran­quille. Il s’agirait de sor­tir d’un cer­tain mod­èle de développe­ment, ce qu’on appelle outre-​Atlantique le Key­ne­sian­isme mil­i­taire. On arrêterait le pro­duc­tivisme mil­i­taire, on arrêterait de con­cevoir des nou­velles généra­tions de mis­siles. Imag­iner autre chose que la guerre comme recours (sic) à notre portée pour réduire la dis­pro­por­tion entre la crois­sance démo­graphique et les lim­ites des ressources disponibles. Pour l’instant, le remède, on le con­naît, on l’a vu à l’œuvre, dis­ons, avec les recettes un peu clas­siques : faire de la place, vider les stocks, épurer les arse­naux, met­tre les tra­vailleurs au pas et puis après avoir pra­tiqué la destruc­tion à grande échelle, faire remarcher la planche à bil­lets, don­ner à bouf­fer aux sur­vivants, ten­dre vers la crois­sance , une crois­sance qui sera néces­saire, à défaut d’être glo­rieuse (sic) comme les trente années de l’après-guerre.
Signe des temps : le Livre Blanc évoque le con­cept de «guer­res obligatoires» .…

Via des pro­grammes de Désarme­ment, Il s’agirait de sor­tir d’une cer­taine logique qu’impose le com­plexe militaro-​industriel. Ou le com­plexe scientifico-​militaro-​industriel. Il s’agirait par la même occa­sion de faire ce qu’on n’a pas réussi à faire depuis 40 ans, depuis le fameux Appel du Club de Rome : le halte à la crois­sance mil­i­taire !
On défini­rait avec intel­li­gence, avec les prin­ci­paux con­cernés un seuil de suff­i­sance du matos, en déter­mi­nant un seuil des dis­posi­tifs sécu­ri­taires.
C’est pos­si­ble de faire marcher l’économie avec du désarme­ment. C’est pos­si­ble de faire en sorte que l» indus­trie du désarme­ment pro­duise davan­tage d’emplois que tous les pro­jets d’armement . Prenez par exem­ple lepro­gramme Méga­tonnes pour Mégawatts. Ca marche. Même s’il est prévu que çà s’arrête en 2013. Avec cette ini­tia­tive con­jointe russo-​américaine qui date de 1993 ou 1994, 40 % de la con­som­ma­tion élec­trique des Améri­cains provient des têtes, des ogives nucléaires russes dont l’uranium, enrichi à 90%, à été appau­vri sur place puis revendu à une société améri­caine. La con­ver­sion et la dilu­tion de l’uranium haute­ment enrichi (UHE, çà se dit comme çà) se font en Russie et l’UFE (ura­nium faible­ment enrichi) en résul­tant est expédié aux instal­la­tions de l» United States Enrich­ment Cor­po­ra­tion ou USEC aux États-​Unis, où il est trans­formé en com­bustible pour réac­teurs. (civils). L’USEC ou fai­sait par­tie du min­istère de l’énergie (DOE) avant d’être pri­vatisée en 1998. Vous n’êtes peut-​être pas des pro­mo­teurs de l’énergie nucléaire, moi non plus, vous n’êtes pas un adepte du slo­gan de Lénine le com­mu­nisme c’est les sovi­ets + l’électricité, mais voici une méth­ode qui a fait ses preuves et qui a per­mis de se débar­rasser d’un stock de matières fis­siles russes incroy­able.
- On peut aussi penser plus loin, à l’heure de la taxe car­bone. Pourquoi pas une tax­a­tion sur les armes ? Mélen­chon n’est pas con­va­incu mais cela peut aller plus loin que celle sur les bil­lets d’avions – qui con­cerne que quelques pays – et ainsi dis­poser d’un fonds com­mun pour ini­tier d’autres entre­prises paci­fiques. D’ailleurs, même si la plu­part d’entre nous n’étaient pas nés dans les années 50, le passé peut nous inspirer. A l’Assemblée Générale de l’ONU, Edgar Faure.…avait pro­posé que chaque Etat dédie un pour­cent­age de son bud­get d’armement à un fonds pour aider ceux qu’on appelait alors les sous-​développés. Puisque nous sommes en voie de sous-​développement, et que la bombe ne sem­ble pas avoir con­tribué à dévelop­per ce qu’il importe somme toute de dévelop­per, c’est le moment ou jamais de repren­dre et d’adapter ce genre d’initiatives – quitte à le faire, une fois de plus — chiche ! — de façon u-​ni-​la-​té-​rale.

3. Une AUTRE vision de la bombe

La bombe est l’illusion de la puis­sance, La bombe n’est plus un atout, la bombe est un fardeau et une puis­sance moyenne comme la France – qui a de la peine à être à la hau­teur de ses ambi­tions stratégiques, et bien, elle s’épuise. Les éco­los par­lent beau­coup de l’épuisement des ressources. Ici, il s’agit de l’épuisement de la puis­sance France. La quête de la bombe est un aveu d’impuissance.
Faut donc arrêter de nous faire peur, de se faire peur. A par­tir d’une autre per­cep­tion, il sera pos­si­ble de voir qu’il n’y a aucune faib­lesse dans le fait de se priver d’un atout qui n’en est pas un.
1. Tout d’abord, et quoi qu’en pense mon ami Jacques Fath, les armes nucléaires en veille, ont pro­duit des vic­times. D’ailleurs, ironie de l’histoire, les prin­ci­pales vic­times se comptent dans son pro­pre camp et non pas dans le camp adverse. Comme dirait la SNCF «un train peut en cacher un autre «…Faut dire que c’est un peu gênant pour une arme, car­ré­ment contre-​productif quand on se rend compte qu’elle provoque le con­traire de ce qu’elle est sup­posée provo­quer. Que la force de frappe …frappe ailleurs, qu’elle frappe à côté…Le frappeur pris à son pro­pre piège ! Cela paraît anodin, mais atten­tion, C’est le tam­pon de l’absurde, c’est la mar­que de l’impuissance. La bombe A ou H, arme de destruc­tion de masse, (ADM) ou (plutôt) arme de destruc­tion sociale, (ADS), fait plus de torts à celui qui s’en réclame, à l’Etat qui la détient qu’à ce ter­ri­fi­ant ennemi qu’on veut dégom­mer pour avoir osé porter atteinte à des intérêts vitaux qu’on ne peut pas ou veut pas définir !.(oui, fau­dra un jour sérieuse­ment compt­abiliser les vic­times des armées en temps de paix, c’est une autre his­toire .…et les dédommager).

2 — Prenons un exem­ple pour illus­trer com­bien la bombe non seule­ment nous encom­bre, mais nous plombe : Israël. Une puis­sance nucléaire. Plus exacte­ment : une car­i­ca­ture de puis­sance nucléaire de notre époque. Israël dis­pose de mis­siles (Jéri­cho grâce à la com­pas­sion de social­istes de la IVème République), on en compterait 200, des sous-​marins lanceurs de toutes sortes d’engins…Israël c’est un bud­get mil­i­taire qui représente plus de 6% du PNB. Mais c’est aussi un Etat inca­pable de faire face à une petite men­ace comme un incendie de forêt car il n’a pas prévu de se doter de Canadairs et ne dis­pose que de 1200 pom­piers, les autres mil­i­taires étant mobil­isés pour mater du Palestinien !

 

estivales-GRENOBLE

Voilà. Je voudrais finir en dis­ant qu’il y a du pain sur la planche…pour faire avancer ces idées, pour démys­ti­fier la bombe. Les tra­vail­listes bri­tan­niques – ce ne sont pas des gauchistes – ont entre­pris une par­tie de ce tra­vail dès les années 80. Une étude sur le thème com­ment la Grande-​Bretagne pour­rait se défendre sans la bombe a été menée. Elle a été pub­liée avec des sce­nar­ios, des esti­ma­tions chiffrées, des con­sid­éra­tions poli­tiques par rap­port à l’OTAN, etc.
Nous, Yes we can, on peut le faire aussi. On devrait le faire. Pour que tout le monde s’approprie ce débat, évidem­ment. Pour qu’on puisse débat­tre, donc au préal­able apprécier, éval­uer les coûts et les désa­van­tages de l’arsenal français et de ses retombées.
Pour effectuer un tra­vail de la sorte, rien ne devrait nous inter­dire de dis­poser d’un think tank – excusez l’anglicisme ! — enfin une boîte à idées, un réser­voir des cerveaux .…un cen­tre de réflex­ion pour faire de la prospec­tive, pour «déplacer les curseurs», comme on dit en lan­gage infor­ma­tique, pour mon­trer ou démon­trer que la bombe est une illu­sion de puissance.

B.C. Inter­ven­tion du 24 août 2013, Greno­ble – Esti­vales FG

athena21.org

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