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Solidarités Contre l'Université de la Défense (SCUD)
11 juin 2014

Destruction des armes chimiques en méditerranée

La décision de traitement

Le traitement des substances chimiques syriennes à bord du navire américain Cape Ray est une solution par défaut. Elle fait suite au refus des pays d’Europe du Nord de traiter directement les précurseurs des munitions chimiques dans des installations dédiées (*). Cette opération en haute mer consacrerait l’industrialisation de l’océan mondial. Déjà en 2006, il a été procédé dans les eaux internationales, à quelques km de Gibraltar, à des activités de raffinage de produits pétroliers à bord du tanker Probo Koala. Le Probo Koala a par la suite déversé environ 500 tonnes de boues toxiques en Côte d’Ivoire. Les projets de centrales nucléaires flottantes et de centrales éoliennes et hydroliennes se multiplient. Aucune convention internationale ou règlementation de l’OMI (Organisation Maritime Internationale) n’interdit les activités industrielles dans les eaux internationales sauf si elles nuisent à la qualité des eaux territoriales ou à l’environnement des pays riverains. A ce jour, la seule activité industrielle interdite sur l’océan mondial est l’incinération des déchets (**).

L’outil industriel

Le Cape Ray est renforcé pour la navigation dans les glaces mais il est à simple coque. Les aménagements en cours depuis quelques semaines ne pourront garantir une flottabilité suffisante en cas d’avarie grave. Le Cape Ray a 36 ans. Tous les navires même repeints et reliftés ont l’âge de leurs ferrailles. En moyenne, les Ro-Ro partent à la casse après 30 années d’exploitation. Les cargos danois et norvégiens dédiés au transport des produits chimiques prioritaires composant l’arsenal syrien entre le port de Lattaquié et le port de transbordement sur le Cape Ray devaient être en toute logique à double coque mais la logique est bousculée. L'un d'entre eux est le Taiko, un autre roulier construit en 1984 appartenant à la compagnie Wilhelmsen Lines bien connue en Mer du Nord notamment pour le naufrage du Tricolor en 2002.

Les déchets leur destination ?

Les modes et les lieux d’élimination finale des boues restent à définir d’autant que les caractérisations telles qu’elles sont annoncées par l’OIAC (Organisation pour l'Interdiction des Armes Chimiques) sont approximatives. Aux 800 tonnes de boues s’ajoutent 4000 fûts contaminés, les combinaisons de protection des techniciens embarqués, les textiles de nettoyage, les absorbants de fuites, les charbons actifs et les filtres. La mention de ces deux dernières catégories de déchets démontre que des rejets atmosphériques seront effectués pendant l’opération.

Pour neutraliser environ 700 tonnes de substances chimiques à usage militaire, les 2 modules embarqués sur le Cape Ray produiraient environ 7.700 tonnes de déchets. Pas de souci majeur, Rob Malone, l’un des responsables du programme de destruction des munitions chimiques aux Etats-Unis nous rassure : ces sous-produits seront pour l’essentiel une solution caustique ressemblant au Destop utilisé pour déboucher les éviers.

Responsabilité juridique en cas d’accident ?

Sur le plan juridique, l’un des points contestables du projet est la non application de la Convention de Bâle sur le contrôle des mouvements transfrontaliers de déchets dangereux et de leur élimination. Si la Syrie a ratifié cette Convention en 1992, les Etats-Unis ne l’ont pas encore fait. Les produits chimiques à éliminer ont un statut de déchets. Pour régulariser leur exportation depuis la Syrie vers le Cape Ray qui relève des réglementations américaines, un accord spécifique doit être établi entre l’Etat exportateur et l’Etat récepteur (articles 4 et 11 de la Convention de Bâle). Se pose aussi la question de l’autorisation de transit dans le pays de transbordement ou dans ses eaux territoriales, sauf si cette rupture de charge intervient dans l’enclave réservée d’une base militaire américaine.

A l’heure actuelle, l’Ark Futura un pauvre roulier totalisant 38 déficiences dans les ports européens depuis l’an 2000 se ballotte quelque part sur la Méditerranée avec une fraction non quantifiée de munitions chimiques en provenance de 2 des 12 dépôts syriens.

Contrairement aux prescriptions de la Convention et de toutes les normes industrielles, le stockage des munitions et l’installation mobile de destruction ne sont pas suffisamment éloignés l’un de l’autre pour éviter un effet domino dans l’éventualité d’un incendie, d’une explosion ou d’un épandage des substances chimiques.
- De plus, la Convention exige que l’usine de destruction soit clairement désignée avec une adresse précise. La position du
Cape Ray sera soumise à des facteurs politiques, sécuritaires, socioéconomiques, météorologiques et à ce jour n’a pas été clairement définie ou rendue publique.

Source Robin des Bois
Association de protection de l'Homme et de l'environnement
Depuis 1985 / Since 1985

www.robindesbois.org

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  • Face à la 12e université de la défense organisée par l'Etat, à Mérignac du 7 au 9 septembre 2014, notre collectif mobilise les citoyens contre les mensonges, intérêts et conséquences des arrangements du complexe de l'armement.
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